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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/297

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sert, — me dit don Rafael en riant. — Devinez-vous quel est le conquérant ?

— Ma foi non.

— C’est mon rival, le séduisant John Bell… Allons lui rendre visite.

Nous trouvâmes l’ingénieux Kentukien assis à cheval sur une longue planche, — son comptoir, — planché encombrée de balances, d’espèces de gobelets transparents, faits en corne mince, et de magnifiques tamis. — Une quarantaine de chercheurs d’or lui adressaient la parole à la fois.

— Combien le tamis ? combien la balance ? criaient-ils en espagnol et en anglais.

Le Kentukien, les bras croisés, l’air digne et froid, semblait enfoncé dans de profondes méditations, et ne répondait pas. En nous voyant entrer, il nous fit, en guise de salut, un signe amical du pied.

Quirino s’inclina jusqu’à terre.

— Combien cette balance ? — demanda de nouveau un chercheur d’or impatienté, en secouant rudement le géant par le collet de son habit noir.

— Ces balances ne sont pas à vendre.

L’acheteur parut un peu déconcerté.

— Et ce tamis ? — reprit-il, — combien ?

— Ce tamis n’est pas à vendre, — répéta le Kentukien.