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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/312

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parsemées de quelques bouquets d’arbres, plaines séparées les unes des autres par des collines assez peu élevées ; derrière moi, une ceinture de roches grisâtres se déroulait à perte de vue.

— Vous ne vous plaindrez pas d’avoir mal dormi, cher ami, — me dit le Gambusino que j’aperçus fort occupé à une dizaine de pas de moi à dépouiller un chevreuil ; — car j’ai pris votre carabine à vos côtés et tiré à quelques vares[1] de vous sur ce gibier, sans que vous vous en soyez douté…

Cette fois je me dédommageai de mon abstinence de la veille en faisant grandement honneur au repas improvisé par le Gambusino. L’idée que j’étais enfin arrivé ne contribuait pas peu non plus à me rendre courage.

— Voici le moment solennel venu, — me dit don Rafael en souriant pour la première fois depuis vingt jours, — prenez votre pioche et suivez-moi.

— Vous voyez cette roche à travers les fissures de laquelle suinte cet imperceptible filet d’eau, — continua-t-il, — eh bien ! cette roche nous sépare seule de la réussite, et c’est cette roche qu’il faut attaquer.

J’étais tellement rentré dans l’esprit de mon rôle

  1. La vare, mesure mexicaine, a 2 pieds et demi.