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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/32

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et qui cependant semblent n’être que vos très-humbles serviteurs.

Dès que j’eus donné cette explication à Bravaduria, sa figure changea tout à fait d’expression : l’air d’irrésolution, d’inquiétude même qui s’y peignait naguère, fit place à un sourire équivoque dans lequel se peignaient à doses égales la moquerie et la bienveillance.

— J’avoue à présent, caballero, me dit-il, que je vous dois une explication. Malheureusement, elle ne vous apprendra rien de bien curieux. Vous n’ignorez pas que notre gouvernement a l’habitude de ne payer, parmi ses employés, que ceux qui se payent eux-mêmes, c’est-à-dire les gens attachés aux douanes. Quant à nous autres, malheureux officiers qui versons chaque jour notre sang pour le salut de la patrie, il nous laisse exposés, sans défense, à toutes les nécessités de la vie. Quelquefois pourtant, car il faut rendre justice à tout le monde, le gouvernement nous rachète nos soldes arriérées à raison de 10 ou 15 pour 100 ; mais, au total, un officier ne peut vivre avec le peu qu’il reçoit. Tous ceux qui portent l’épaulette sont donc obligés, afin de ne pas mourir de faim, de pratiquer quelque industrie particulière ; les uns sont croupiers ou tailleurs de cartes dans les montes publics ; les autres, brocanteurs de marchan-