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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/52

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— Dépêchez-vous ! doña Lucinda Flores !

— Ah ! Jésus ! et Amador qui n’est pas venu… et Amador qui ne m’a pas fait ses adieux… ne pourrait-on pas, conducteur, retarder le départ de la diligence… d’une heure seulement.

— Restez si bon vous semble, dit assez brusquement l’employé, que m’importe à moi votre señor Amador !

— Peut-on parler aussi brutalement à une femme ! s’écria doña Lucinda Flores. Voyons, ne vous impatientez pas… je monte… Ah ! si Amador était ici, vous seriez certes plus courtois.

Doña Lucinda Flores, qui était affreusement laide et d’un âge fort respectable, autant que j’en pus juger à la faible clarté projetée par une mince chandelle que l’employé tenait à la main, et qui éclairait assez imparfaitement cette scène de départ, fit gémir sous son poids la banquette de la diligence lorsqu’elle se décida à s’asseoir.

— Le sénateur don Andres Moratin et son épouse, reprit l’employé, mais cette fois d’une voix moins impérieuse.

Je tressaillis : mes aventures de la veille, le pari du capitaine Bravaduria, et la conversation qui avait eu lieu au club de la jeunesse dorée de Mexico sur le compte de la señora Jesusita Moratin, me revinrent