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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/75

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comme une pelouse verte et unie, les cimes d’autres arbres dont les têtes s’élèvent pourtant à cent pieds au-dessus du sol. La couleur du terrain, d’un jaune fauve et dur, fait admirablement ressortir les teintes sombres et chargées d’outremer de la montagne. Le Pinal est, en outre, célèbre dans tout le Mexique par ses voleurs, qui sont très-nombreux et de première qualité ; et puisqu’il est bien convenu que l’on doit être dévalisé pendant le parcours de Mexico à Véra-Cruz ou de Véra-Cruz à Mexico, il vaut beaucoup mieux que ce soit là que partout ailleurs, car le paysage y est digne de la scène. Ce dangereux complément est encore utile, en ce qu’il vous aiguillonne le sang par une crainte perpétuelle et vous fait mieux comprendre et sentir ces sauvages beautés de la nature. La route, qui serait trop rapide et trop glissante pour les voitures, est traversée de dix pas en dix pas par d’énormes sapins entiers, qui forment un gigantesque escalier de plus de trois lieues.

Élevé à plus de cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer, le Pinal, dont la température est presque aussi froide que celle de Rio-Frio, se trouve ordinairement enseveli dans les nuages ; leur brume épaisse, avec laquelle se confondait l’haleine de nos chevaux en sueur, nous cachait une partie de la montagne, et donnait aux lignes brisées des sapins