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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/84

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mauvaise volonté ou de négligence de notre part, à recevoir en pleine poitrine la balle qui se trouvait dans la carabine du second. Le chapeau du voleur s’arrêta tout d’abord avec une certaine complaisance devant le sénateur Moratin, qui y déposa une montre, une chaîne, quelques onces d’or et une poignée de petite monnaie d’argent ; il passa ensuite sans attendre devant la pauvre Jesusita et fit une nouvelle station devant doña Lucinda Flores, qui y mit un assez riche collier et quelques piastres. Me trouvant placé après doña Lucinda, je me hâtai d’offrir ma vieille montre d’argent et mes trente piastres de monnaie ; puis frappant ensuite hardiment sur mes poches, qui ne rendirent qu’un son pauvre et mat, je me retournai, à ma droite, vers Camote, dont le tour était venu de s’exécuter. Camote ne daigna pas s’apercevoir de la carabine tout armée qui le menaçait, mais en compensation la vue du chapeau parut lui causer un profond étonnement.

— Donne ou je tire, lui dit brusquement le saltéador.

— Allons donc, s’écria Camote furieux, est-ce qu’on me vole jamais, moi, compadre[1] ! je suis Camote.

  1. Ce mot, très usité au Mexique, y est pris dans le sens de camarade ou compagnon.