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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/88

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vais loger une balle dans votre affreuse tête ! lui disait assez peu galamment le saltéador chargé de sa garde, qui se tenait à deux pas d’elle.

À gauche, je voyais le sénateur don Andres Moratin ; à sa raideur et à son immobilité l’on eût dit un cadavre.

À droite, Camote, non point couché, mais assis et causant de bonne amitié avec un de nos voleurs. Quant à la pauvre señora Jesusita, il me fut impossible de l’apercevoir.

Après quelques minutes qui, du reste, me parurent fort longues, je commençai à trouver que le troisième acte péchait par sa longueur et sortait des règles de la tradition.

— Caballero, dis-je à mi-voix au saltéador assis près de moi, j’ai conservé quelques excellents cigares de la Havane dans la poche de mon doliman, seriez-vous assez bon pour me permettre de vous en offrir un et d’en fumer un autre en causant avec vous ?

— Soit, me dit le voleur ; levez-vous et fumons. Je me retournai aussitôt avec empressement et m’assis sans me faire prier.

— Choisissez, señor, dis-je au voleur en lui présentant très-poliment mon étui à cigares.

Le saltéador retira, en vrai connaisseur, le meilleur