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Page:Duplessis - Le Batteur d'estrade, 5, 1856.djvu/8

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dont la possession doit assurer à chacun de nous une belle fortune !… Mes amis, si cet homme se refuse à parler, employez la force ! la torture vient toujours à bout de l’obstination. »


À quoi cela vous mènerait-il de m’assassiner.

— Ce discours futur que vous me prêtez fait honneur, señor Joaquin, à votre perspicacité. C’est en effet ainsi que je compte m’exprimer.

— Et moi, monsieur, voici ce que je répondrai : « Bandits, votre chef actuel ne vous a pas trompés. L’or que vous souhaitez si ardemment, je suis prêt à vous le donner, mais cela à une seule condition, c’est que vous allez fusiller sur-le-champ ce coquin de Hallay. Mon nom vous est garant et de l’inutilité de vos efforts si vous vouliez m’arracher mon secret par la violence, et de la loyauté avec laquelle je tiendrai mon engagement si vous obéissez à mes ordres ! Je suis Joaquin Dick, le Batteur d’Estrade !… » Je ne crois pas trop me vanter, marquis, en vous assurant que mon éloquence l’emportera de beaucoup sur la vôtre !… J’omets, afin de ne pas trop prolonger notre entretien, certaines considérations que j’aurai encore à faire valoir : par exemple, l’importance de la somme qui vous est allouée, en cas de réussite, ainsi que les dividendes à distribuer aux actionnaires de San-Francisco, somme et dividendes qui, par mon moyen, deviendraient la propriété de vos ex-associés et augmenteraient singulièrement leurs parts de bénéfices !… Eh bien, monsieur, vous vous taisez !… Vous vous avouez donc vaincu ?…

Un silence de quelques secondes suivit ces paroles. M. de Hallay cherchait en vain un argument à opposer à l’inexorable logique de son adversaire.

— Marquis, continua le Batteur d’Estrade, à présent que vous voilà bien convaincu de l’inopportunité, pour ne rien dire de plus, de mon arrestation, laissez-moi revenir à mes premières propositions. Elles peuvent, grâce à une nouvelle combinaison, vous être cent fois plus avantageuses encore que je ne vous l’ai dit. Si vous rendez Antonia à la liberté, je m’engage, non-seulement à vous livrer les trésors que vous convoitez, mais de plus à vous les livrer rendus à San-Francisco, ou dans tel port de mer de la côte Pacifique qu’il vous plaira de me désigner. Je m’engage à vous accompagner et à vous escorter pendant votre retour, à me faire tuer pour vous défendre si vous êtes attaqué. Enfin, je m’engage à ne jamais révéler à personne au monde le