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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/103

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Une Vierge folle

Disais-je quand tes yeux s’ouvraient tout étonnés.
À nous aimer toujours nous étions destinés ! »

André pleurait, riait, sanglotait par saccades ;
Elle se débattait, fuyant ses embrassades.

La route côtoyait les bois ombreux, touffus,
Dont il lui rappelait les tableaux disparus.
Ces bois, témoins discrets de leurs amours premières,
Ces taillis rapprochés, ces profondes clairières,
Ces sentiers sinueux, ces sombres carrefours,
Disaient éloquemment l’idylle des vieux jours !…

Il est de ces effets qui commandent à l’âme ;
La brise qui gémit, au loin le cerf qui brame,
Le velours bleu du ciel piqué de diamant,
Ces arbres endormis s’inclinant doucement
Et murmurant parfois comme un homme qui rêve ;
Cette heure de repos, de pardon ou de trêve,
Triomphèrent de Jeanne, et, des pleurs ayant lui
Dans ses yeux, elle vint s’asseoir auprès de lui,
Sur le tronc d’un ormeau brisé par la tempête.

André ne parlait plus.
André ne parlait plus. Elle appuya la tête