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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/71

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LA VENGEANCE DE PHANOR

À M. Eugène van Bemmel.

  
Il est vieux, presque aveugle, et chauve et tout obèse ;
Il se traîne en hurlant, se cache sous la chaise ;
Mange et dort, et, le soir, quand son maître revient,
S’il n’est point caressé, timidement se plaint.
De moins en moins pourtant la main chère le flatte,
Car Phanor ne sait plus même donner la patte,
Faire le mort, japper pour un fin rogaton :
Il est paralysé. C’est un chien de carton
Dont il vaudrait bien mieux au plus tôt se défaire.

Chaque jour, gravement, la famille en confère.
La femme fait chorus avec l’homme. Et pourtant
Elle a l’air sympathique, elle aime son enfant,
Elle donne l’aumône au pauvre, et prie et jeûne.
Son regard est limpide. Elle est blonde, encor jeune.