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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/97

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Une Vierge folle
JEANNE.

En ce moment j’entends sa voix plaintive et tendre…

C’était mon compagnon de jeux.
Nous nous cachions sous la coudraie
Ou sous les grands chênes ombreux,

Admirant l’aile diaprée
Des oiseaux ou des papillons,
Écoutant l’abeille et l’effraie.

Sa main dans ma main nous allions,
Son souffle dans ma chevelure,
Et les vêtements en haillons…

Son coude perçait la doublure :
Ainsi, par le soleil mordus,
Les fruits d’or crèvent leur pelure.

Que de fois nous étions perdus !…
Mais il trouvait toujours sa route
À travers les buissons tordus…