Aller au contenu

Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’attendre la réponse. Enfin, il se décida à regarder sir Hugo et lui dit d’un ton respectueux et d’une voix altérée :

— Mon père vit-il aussi ?

— Non ! répondit aussitôt le baronnet.

Le passé venait de se rouvrir pour sir Hugo. Après un silence, pendant lequel on ne put lire sur les traits de Deronda s’il ressentait de la joie ou du chagrin, le baronnet reprit avec un accent ému :

— Peut-être ai-je eu tort, Dan, de consentir à ce que j’ai fait. Peut-être aussi ai-je trop aimé de t’avoir tout à moi. Mais si jamais tu as ressenti une peine que j’aurais pu t’éviter, je t’en demande pardon.

— Il y a longtemps que le pardon est là, répondit Deronda en posant la main sur son cœur. Ma peine la plus grande a toujours été causée par une autre que je n’ai jamais connue, mais que je connaîtrai bientôt. Cela ne m’a pas empêché d’avoir pour vous une affection profonde qui a été la plus large et la meilleure part de ma vie.

Dans une impulsion simultanée et irrésistible, ils se serrèrent la main et se tinrent longtemps embrassés.