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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/210

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diamants que sir Hugo t’a donnée. J’aimerais à la voir encore.

» Ta mère inconnue.

 » LEONORA HALM-EBERSTEIN. »

La rédaction incolore de cette lettre n’apprenait rien à Deronda, mais il ne pouvait que respecter la réticence de sir Hugo, qui impliquait un engagement de ne point anticiper sur les révélations de sa mère. Du reste, la découverte qu’il venait de faire, que les conjectures de toute sa vie étaient erronées, arrêta toutes nouvelles suppositions de sa part. Il était décidé à accepter bravement le fait quel qu’il pût être.

Dans son état d’incertitude, il ne pouvait communiquer à personne le motif de son départ, et à Mordecai moins qu’à tout autre, car il l’aurait affecté autant que lui-même, quoique d’une manière absolument différente. S’il lui avait dit : « Je vais apprendre la vérité sur ma naissance », l’espoir qu’en concevrait Mordecai pouvait devenir une surexcitation maladive et dangereuse. Afin d’exclure toute supposition, il parla de son voyage comme s’il l’entreprenait sur l’ordre de sir Hugo, et l’annonça avec autant d’indifférence qu’il le put, en ajoutant qu’il ne savait pas combien de temps il durerait, mais que peut-être il serait très court.

— Je ferai demander que l’on m’envoie le petit Jacob, dit Mordecai en manière de consolation, après avoir d’abord ressenti de la tristesse.

— Je prierai madame Cohen de me le confier, dit Mirah.

— La grand’maman ne vous refusera pas, fit observer Deronda. Je suis heureux que nous ayons eu tort, vous et moi, ajouta-t-il en souriant à Mordecai : vous pensiez que la vieille madame Cohen ne pourrait supporter la vue de Mirah.