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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/250

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LI


Un jour s’était passé avant que Deronda fût appelé à une nouvelle entrevue avec sa mère ; elle lui avait seulement envoyé dire qu’elle ne se sentait pas assez bien pour le recevoir ; mais, le matin du troisième jour, il reçut un billet qui lui disait :

« Je pars aujourd’hui ; viens me voir tout de suite. »

On l’introduisit dans le salon où déjà il avait été reçu, mais la princesse n’y était pas ; elle entra bientôt, enveloppée d’une longue robe de chambre en soie orange foncé, un voile de dentelle noire sur la tête et les bras nus dans leurs larges manches. Sa figure faisait une impression plus forte encore dans le jour assombri que laissaient entrer parcimonieusement les épais rideaux baissés devant les fenêtres ; ses yeux paraissaient plus grands et ses traits plus vigoureux. On l’aurait prise pour une magicienne, qui, dans sa maison enchantée, prépare un breuvage de jeunesse pour d’autres, mais qui le dédaigne pour elle, ayant assez vécu.

Elle posa les mains sur les épaules de son fils et l’em-