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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/298

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— Mon voyage a été excellent, reprit-il, et je me sens dans les meilleures dispositions. Je ne me suis pas hâté de venir, parce que je tenais à m’informer de plusieurs choses, et j’ai pu prendre connaissance de la lettre que tu as écrite à lady Mallinger. Comment va la veuve ?

— Elle est plus calme. Heureusement, elle a échappé à la maladie que l’on aurait pu craindre pour elle, après son plongeon dans la mer et son épouvantable surexcitation. Sa mère et son oncle sont arrivés depuis deux jours, et les meilleurs soins lui sont prodigués.

— Prévoit-on la naissance d’un héritier ?

— D’après ce que m’a dit M. Gascoigne, je pense que non. Il m’a parlé comme s’il croyait que la veuve dût jouir de la fortune entière, sa vie durant.

— Je ne pense pas que la perte de son mari soit un déchirement pour elle, dit sir Hugo en regardant Deronda.

— La soudaineté de sa mort lui a donné un coup violent, reprit Daniel, en évitant de faire une réponse directe à cette observation.

— Je me demande si Grandcourt lui a fait connaître les clauses de son testament ? reprit sir Hugo.

— Les connaissez-vous, monsieur ?

— Oui. S’il n’a pas d’héritier légitime, tout doit revenir à un fils naturel qu’il a eu avec une madame Glasher : tu ne sais rien de cette affaire, à ce que je crois ; mais, pendant plusieurs années il a vécu maritalement avec cette femme, et il en a eu encore trois autres enfants, des filles. Le garçon prendra le nom de son père. Il est déjà Henleigh ; il doit être Henleigh Mallinger-Grandcourt, quoique je puisse dire que le Mallinger ne lui servira de rien, ce dont je suis heureux. À sa majorité, le jeune homme aura plus qu’assez, et il n’était pas nécessaire que je bouchasse les trous avec mes cinquante mille livres pour Diplow, auquel il n’a pas droit. En attendant, il faudra que ma beauté, la pauvre