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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/318

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— Cela peut être, Mirah. Mais, si pourtant elle le fit en croyant que le roi ne le saurait jamais ?

— Tu peux arranger l’histoire ainsi dans ton esprit, Ezra, parce que tu es grand, et que tu aimes à ne t’imaginer que ce qui est grand. Mais je crois qu’il n’en fut pas réellement ainsi. La vierge juive, qui dut avoir de la jalousie dans le cœur, voulut, en quelque sorte, occuper la première place dans l’esprit du roi. C’est pourquoi elle chercha la mort.

— Ma sœur, tu as lu trop de pièces de théâtre dans lesquelles les auteurs se plaisent à montrer les passions humaines comme des démons intérieurs, sans mélange d’éléments tendres et fervents de l’âme. Tu juges par ces pièces et non par ton propre cœur, qui ressemble pourtant à celui de notre mère.

Mirah ne répondit pas.