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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/379

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cité de gestes et d’allures de Hans paraissait revenue. Mais Deronda crut découvrir encore un peu de dissimulation dans son air jovial.

— Depuis quand êtes-vous arrivé, Hans ? lui demanda-t-il après avoir été le rejoindre sur la pelouse où il faisait une étude des arbres et du banc exigé.

— Il y a dix jours, un peu avant l’époque fixée par sir Hugo. J’ai fait route avec Rex Gascoigne, et j’ai demeuré deux jours au presbytère. Je connais tous les cancans qui courent de ce côté : je sais ce qu’est l’intérieur du charron, et j’ai assisté à l’examen d’une école de bambins. Heureusement que sœur Anne m’accompagnait ; sans cela, j’aurais été mis à mal par trois marmots et un idiot, à cause de mes grands cheveux et de mon aspect général qui se sépare du type de beauté accepté par les naturels de Pennicote. Quoi qu’il en soit, le village est idyllique. Le seul défaut que je lui trouve, c’est d’avoir un curé trop brun, avec de larges épaules ; quant aux Gascoigne, ils sont parfaits, et de plus, parents de la duchesse Van Dyck. Je n’ai pu l’apercevoir que de loin dans sa robe noire, car elle ne se montre pas aux visiteurs.

— N’était-elle pas au presbytère ? demanda Deronda.

— Non ; mais on m’a conduit à Offendene pour voir la vieille maison, et, comme conséquence, j’ai été reçu par la famille de la duchesse. Je suppose que vous y avez été et que vous n’ignorez pas ce qui la concerne.

— Oui, j’y suis allé, répondit froidement Daniel.

— Cela ne manque pas de charme. C’est une excellente retraite pour une veuve aux aventures romanesques, car il paraît qu’elle a eu plusieurs romans. Je crois avoir deviné qu’il s’en est glissé un entre elle et mon ami Rex.

— Alors, ce ne serait pas longtemps avant son mariage, dit Deronda avec un intérêt réel, car elle n’habitait Offendene que depuis un an. Comment avez-vous su cela ?