Aller au contenu

Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LXVIII


Parmi les bénédictions de l’amour, il n’en est pas de plus exquise que la conviction qu’en unissant une vie aimée à la nôtre, nous pourrons veiller sur son bonheur, apporter du contentement là où était la peine et ouvrir les sources les plus douces de la joie sur les souvenirs de privation et de souffrance. L’amour de Deronda pour Mirah était fortement imbu de cette protection bénie. Dès son enfance, les pieds mignons de la pauvre enfant avaient marché au milieu des ronces et des épines, et la première fois qu’il la vit, elle offrait la vivante image du désespoir. Maintenant, elle resplendissait comme une tendre fleur sous les bienfaisants rayons du bonheur ; elle se disait qu’aucun chagrin ne pouvait plus l’atteindre, puisqu’elle allait passer sa vie avec Deronda. Il épiait avec ivresse la sobre félicité qui donnait une beauté nouvelle à sa fiancée, à ses mouvements et à ses attitudes habituelles ; il se disait que c’était assez de joie pour lui de la sauver de la peine. Elle ne sut rien de la lutte de Hans, ni des angoisses de Gwendolen ; car, après l’assurance que l’amour caché de