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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/331

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dessus elle secouait la tête, sans se livrer à de plus longues réflexions.

Moins d’une heure après, Lydgate arriva. Bulstrode vint à sa rencontre en dehors du parloir où était Raffles et lui dit :

— Je vous ai fait appeler, monsieur Lydgate, pour un malheureux qui a été autrefois à mon service, il y a bien des années. Il a passé depuis en Amérique où il s’est laissé aller, j’en ai peur, à des habitudes de paresse et de débauche. Dans le dénuement où il est tombé, il a droit à ma compassion. Il avait une parenté éloignée avec Rigg, le propriétaire de ces lieux avant moi, c’est ainsi qu’il a trouvé son chemin jusqu’ici. Je le crois sérieusement malade. Il a dans tous les cas l’esprit fort troublé. Je me sens tenu à faire pour lui tout ce que je pourrai.

Lydgate, encore sous l’impression pénible de sa dernière conversation avec Bulstrode, n’était pas disposé à lui adresser une parole inutile ; s’inclinant légèrement, il se contenta de demander son nom.

Après avoir considéré et examiné à fond le malade, Lydgate ordonna qu’on le mît au lit et qu’on le tînt dans la plus grande tranquillité, puis il passa avec Bulstrode dans une autre chambre.

— C’est un cas sérieux, je le crains, dit le banquier avant que Lydgate ne commençât à parler.

— Oui et non, répondit Lydgate avec hésitation. Il est difficile de se prononcer sur le résultat possible de complications déjà anciennes ; mais d’abord, cet homme a une robuste constitution. Je ne serais pas porté à croire cette crise fatale, bien que l’organisme soit sans contredit dans un état critique. Il a besoin de soins assidus et attentifs.

— Je resterai ici moi-même, dit Bulstrode, mistress Abel et son mari ont peu d’expérience. Je puis sans inconvénient passer ici la nuit, si vous voulez bien avoir l’obligeance de remettre un billet de ma part à mistress Bulstrode.