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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/377

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l’habitude de te soumettre à M. Casaubon d’une façon tout à fait honteuse. Tu aurais, je crois, renoncé à jamais venir me voir, s’il te t’avait demandé.

— Sans doute, je lui étais soumise, mes sentiments m’en faisaient un devoir, dit Dorothée, regardant à travers le prisme de ses larmes.

— Alors, pourquoi ne peux-tu pas trouver que c’est ton devoir de te soumettre un peu à ce que James désire ? dit Célia avec le sentiment de la valeur de l’argument. Puisqu’il ne désire rien qui ne soit pour ton bien ! Et naturellement les hommes s’entendent bien mieux à toutes choses… excepté à celles auxquelles les femmes s’entendent mieux.

Dorothée rit et oublia ses larmes.

— Oui, je veux parler des bébés et de ces choses-là, expliqua Célia. Je ne céderais pas à James, si je savais qu’il eût tort, comme tu avais coutume de céder à M. Casaubon.



CHAPITRE II


Après avoir calmé l’inquiétude de mistress Bulstrode, en lui disant que son mari avait été pris de faiblesse à la réunion, mais qu’il ne doutait pas de son prompt rétablissement et reviendrait le voir le lendemain, Lydgate rentra directement chez lui, monta à cheval et fit trois milles en dehors de Middlemarch, afin de se mettre hors de portée.

Il sentait une violence déraisonnable le gagner, comme la rage qu’aiguillonne la douleur des piqûres ; il était prêt à maudire le jour où il était venu à Middlemarch. Tout ce qui lui était arrivé dans cette ville ne semblait être qu’une préparation à cette odieuse fatalité qui venait de s’abattre