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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/385

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rement Rosemonde, et on la plaignait moins, bien qu’elle aussi, en tant que membre de la bonne vieille famille Vincy, qu’on avait toujours connue à Middlemarch, fût regardée comme la victime de son mariage avec un intrus. Les Vincy avaient leurs faiblesses, mais elles n’étaient que de surface ; on ne pouvait jamais rien découvrir de mal sur leur compte. On défendait mistress Bulstrode de toute ressemblance avec son mari ; les fautes d’Henriette étaient ses fautes à elle.

— Elle a toujours aimé à paraître, dit mistress Hackbutt, en préparant le thé pour une petite réunion ; bien qu’elle ait pris l’habitude de mettre la religion en avant pour se conformer à son mari, elle a essayé de porter haut la tête au-dessus du niveau de Middlemarch, en faisant savoir qu’elle recevait des clergymen et Dieu sait qui encore, de Riverston et de ces endroits-là.

— Nous ne pouvons guère l’en blâmer, dit mistress Sprague, puisque peu de gens, parmi ce que la ville a de mieux, se souciaient de se lier avec Bulstrode, et qu’il fallait bien qu’elle eût quelqu’un à faire asseoir à sa table.

— M. Thesiger l’a toujours soutenu, dit mistress Hackbutt. Je pense qu’il doit en être fâché maintenant.

— Mais, au fond de son cœur, il ne l’a jamais aimé, autant qu’on le sache, repartit mistress Tom Toller. M. Thesiger ne va jamais dans les extrêmes. Il s’en tient à la vérité dans ce qui est évangélique. Les seuls clergymen qui aient jamais trouvé Bulstrode de leur goût sont, comme M. Tyke, ceux qui veulent se servir de livres de prières dissidents et qui donnent dans cette espèce de religion inférieure.

— J’ai appris que M. Tyke est en grande détresse avec lui, reprit mistress Hackbutt. Et il a de bonnes raisons pour cela ; on dit que les Bulstrode ont à moitié entretenu la famille Tyke.