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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/85

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Dorothée, alors, essaya de tourner ses pensées vers des devoirs immédiats, et il y en avait un, en particulier, que les autres étaient déterminés à lui rappeler. Lydgate avait saisi avidement l’idée de la cure de Lowick, et, dès qu’il le put, il reprit le sujet avec Dorothée, y voyant une possibilité de faire réparation à Farebrother du tort qu’il avait pu lui faire, en votant contre lui d’une conscience mal satisfaite.

— Au lieu de vous rien apprendre sur M. Tyke, dit-il, je voudrais vous parler d’une autre personne, de M. Farebrother, le vicaire de Saint-Botolph ; son bénéfice est fort maigre et ne lui fournit qu’un revenu bien exigu pour lui et sa famille. Sa mère, sa tante et sa sœur vivent toutes trois avec lui et sont à sa charge. Je crois que c’est à cause d’elles qu’il ne s’est point marié. Je n’ai jamais entendu mieux prêcher que par lui : une éloquence si naturelle et si facile ; il eût été digne de prêcher à la Croix de Saint-Paul après le vieux Latimer. Sa parole est également belle sur tous les sujets, originale, simple, claire. C’est, à mon avis, un homme remarquable. Il aurait dû faire plus qu’il n’a fait.

— Pourquoi n’a-t-il pas fait plus ? dit Dorothée qui s’intéressait maintenant à tous ceux qui avaient glissé dans la vie au-dessous de leur véritable vocation.

— C’est là une question embarrassante, dit Lydgate. Je trouve moi-même qu’il est extraordinairement difficile de faire marcher le bon ressort ! Il y a tant de cordes qui tirent à la fois. Farebrother laisse entendre souvent qu’il s’est trompé dans le choix de sa profession ; il a besoin de plus d’espace qu’il n’en est accordé à un pauvre homme d’Église. Il aime beaucoup l’histoire naturelle et toute espèce d’études scientifiques, il a bien de la peine à concilier ses goûts avec sa situation. Il n’a pas d’argent de reste : à peine en a-t-il suffisamment pour ses besoins, c’est pour