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POT-BOUILLE

pardon avec les plus grands éloges : un garçon qui, au moyen âge, disait-il, aurait eu un sens religieux très remarquable. Il avait fait sortir Octave par la petite porte du fond, il le retint encore un instant dans la cour du presbytère, où l’on voit le chevet de l’église, noyé sous des constructions voisines. C’était là qu’il demeurait, au second étage d’une grande maison à façade rouillée, occupée tout entière par le clergé de Saint-Roch. Une odeur discrète de prêtre, un silence chuchotant de confessionnal sortaient du vestibule, surmonté d’une Vierge, et des hautes fenêtres, voilées d’épais rideaux.

— J’irai voir monsieur Campardon ce soir, dit enfin l’abbé Mauduit. Priez-le de m’attendre… Je veux causer à l’aise d’une amélioration.

Et il salua de son air mondain. Octave était calmé. Saint-Roch, avec ses voûtes fraîches, avait détendu ses nerfs. Il regarda curieusement cette entrée d’église à travers une maison particulière, cette loge de concierge où l’on devait la nuit tirer le cordon pour le bon Dieu, tout ce coin de couvent perdu dans le grouillement noir du quartier. Sur le trottoir, il leva encore les yeux : la maison étendait sa façade nue, aux fenêtres grillées et sans rideaux ; mais des barres de fer retenaient des caisses de fleurs, sur les fenêtres du quatrième étage ; et, en bas, dans les murs épais, s’ouvraient d’étroites boutiques dont le clergé tirait profit, un savetier, un horloger, une brodeuse, même un marchand de vin, rendez-vous des croque-mort, les jours d’enterrement. Octave, disposé par son insuccès aux renoncements de ce monde, regretta la tranquille existence que les vieilles servantes des curés devaient mener là-haut, dans ces chambres garnies de verveines et de pois de senteur.

Le soir, à six heures et demie, comme il entrait sans