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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/263

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L’AMI FRITZ.

Dans l’autre compartiment se trouvaient les vêtements de Fritz. Tous les ans, il se faisait prendre mesure d’un habillement complet, par le tailleur Hercules Schneider, de Landau ; il ne mettait jamais ces habits, mais c’était une satisfaction pour lui de se dire : « Je serais à la mode comme le gros Hâan si je voulais, heureusement j’aime mieux ma vielle capote ; chacun son goût. »

Fritz se mit donc à contempler tout cela dans un grand ravissement. L’idée lui vint que Sûzel pourrait avoir le goût du beau linge, comme la mère et la grand’mère Kobus ; qu’alors elle augmenterait les trésors du ménage, qu’elle aurait le trousseau de clefs, et qu’elle serait en extase matin et soir devant ces armoires.

Cette idée l’attendrit, et il souhaita que les choses fussent ainsi, car l’amour du bon vin et du beau linge fait les bons ménages.

Mais, pour le moment il s’agissait de trouver la plus belle chemise, le plus beau mouchoir, la plus belle paire de bas et les plus beaux habits. Voilà le difficile.

Après avoir longtemps regardé, Kobus, fort embarrassé, s’écria :

« Katel ! Katel ! »

La vieille servante, qui tricotait dans la cuisine, ouvrit la porte.