Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/190

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ces derniers-là deviendront les premiers, et l’armée russe se convertira en bandes libératrices qui obtiendront raison de la propriété. Cette suprême revendication, que des civilisés appellent vol, est pratiquée sur une large base en Russie par la torche et le pillage ; le Russe n’y reconnaît de frein que la peur d’être puni ; pour lui, tout est de bonne prise.

En raison même de la constitution de la Russie, les trente-cinq millions de Slaves russes réunis sous l’autocratisme domineront les soixante-cinq millions d’habitants d’origines et de religions diverses sur lesquels s’étend la domination des tzars ; ils comprimeront leurs manifestations, étoufferont leurs voix. Les Arméniens, les Mahométans sont à peine supportés en Russie ; les Grecs n’y comptent pas. Nicolas a chassé les Juifs de Pétersbourg et de Moscou, il leur a fait couper les cheveux, il a fermé leurs écoles, et les astreint à porter un costume particulier. À peine laisse-t-on ces divers peuples libres de faire du commerce. Les Polonais, les Finlandais, les Tartares sont traités en peuples conquis. Les Allemands sont abhorrés parce que c’est d’Allemagne que toutes les tyrannies ont été importées en Russie ; parce que la hiérarchie fonctionnaire et la noblesse sont allemandes, ainsi que le système gouvernemental ; parce qu’enfin les tendances des deux nations sont complètement opposées — Le Cosaque est roi de Russie, et le Tzar doit être Cosaque, bien que flatté et gâté par la Civilisation qu’il étouffera ! Le Tzar est un Cosaque doublé de Metternich ! rusé, froid, cauteleux, entêté, médiocre, sans élévation de sentiments, ayant juste d’intelligence ce qu’il en faut à un bras pour frapper, affichant le plus impérial mépris de la vie des hommes. Le Cosaque déifie la force, et Nicolas l’utilise. — Touchante association !