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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/209

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pas que, depuis un quart de siècle, c’est la Russie qui protège l’indépendance hellénique ; — que de St.-Pétersbourg sont tirés les fils de toutes les conspirations qui éclatent à Athènes ; — que c’est pour l’intérêt de la Russie que fut taillé dans les domaines de la Sublime-Porte ce petit lambeau de royaume constitutionnel sans avenir, donné par les diplomates à un fils de Bavière ; — que c’est la Russie qui entraîna la France et l’Angleterre à l’acte de démence nationale de Navarin ;— que c’est encore la Russie qui soulève, à l’heure qu’il est, les bandes palicares et encourage le roi Othon dans son attitude suspecte et boudeuse vis-à-vis des puissances occidentales. Et croit-on bien que ces aspirations invincibles du peuple hellène céderont à l’occupation de quelques bataillons anglo-français décimés par le choléra ? Croit-on bien empêcher ainsi le roi des Grecs de se considérer comme la sentinelle avancée de la race et de la religion slaves dans le Levant, comme l’aide de camp du tzar, et l’empereur désigné de la nouvelle Byzance ? Croit-on bien que les petites combinaisons diplomatiques des impuissances occidentales diviseront ce que la nature veut unir, les différents peuples de la race slave ? On peut dire cela, mais on ne le croit pas ; ces allégations peuvent être conformes à la haute politique, mais elles vont contre le simple bon sens. Je sais bien ce que les ambassadeurs de France et d’Angleterre peuvent penser in petto de la question d’Orient.


VIII.   Depuis que le Croissant brille sur les dômes de Stamboul, les chrétiens d’Orient n’attendent leur délivrance que des tzars, et les moines grecs leur annoncent que c’est par eux que viendra la vengeance. L’aigle à deux têtes, chassé de Constantinople, reprendra son vol vers la coupole de Sainte-Sophie. Dès à présent, les provinces européennes de l’Empire turc ne lui appartiennent plus