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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/211

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nombre de ces révolutionnaires ont offert à Nicolas la direction de leur entreprise, et celui-ci, voyant dans le Panslavisme une idée très-favorable à ses projets d’ambition, s’en est emparé. Il l’a fait professer dans les universités jusqu’à ce qu’il se fût aperçu que cette tendance à la liberté de race éveillait nécessairement des aspirations à la liberté individuelle. Il a fait du Panslavisme et du Christianisme les deux leviers de sa politique en Orient, politique si savante pour dissoudre, si incapable de rien fonder, si révolutionnaire en un mot. Au nom du Christianisme grec, Nicolas détache Roumains et Hellènes du patriarche de Constantinople ; au nom du Panslavisme, il détache les Slaves de tous pays des dominations temporelles qui les oppriment.

Jusqu’à ce qu’il les courbe sous un seul sceptre, Nicolas réunit déjà sous une seule influence plus de cent millions d’hommes. Le monde slave ainsi réalisé reconnaîtra pour limites : au Nord, les mers de glace ; au Sud, les mers du soleil, de Venise à Stamboul ; à l’Est, les États-Unis de l’Amérique nouvelle ; à l’Ouest, Vienne, l’arrière-garde de notre Vieux-Monde. — Dans un empire semblable danseraient à l’aise dix empires français et tous les boulevards imaginables de la Civilisation européenne !


XI.   La tendance vers une nationalité commune est si puissante chez les Slaves, que les despotismes l’exploitent pour étouffer la liberté des races moins nombreuses que la conquête a confondues avec eux. Un malentendu gordien pèse encore sur l’humanité ; le sentiment de l’indépendance nationale et celui de la liberté individuelle sont encore opposés l’un à l’autre par les despotes et les ambitieux. Contradiction pleine d’effroi pour les esprits vulgaires ! tout homme qui prend part aux événements politiques de ce temps est à la fois progressiste et réactionnaire ! Paské-