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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/311

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L’uniformité de la Russie n’existe qu’à la surface, administrativement, par la terreur et le knout ; elle disparaîtra dès que ce peuple aura traversé la phase guerrière qui s’ouvre pour lui. Les instincts les plus naturels des Russes, comprimés jusqu’à la souffrance, grondent sourdement. L’état des populations soumises au joug du Tzar est essentiellement violent, transitoire, impossible à maintenir. Dans cette immense circonscription de territoire, il y a tous les éléments d’un monde nouveau.

C’est une crainte ridicule d’imaginer que les Russes conquérants puissent nous imposer les lois de la barbarie. Ne savons-nous pas que le milieu social modifie tout ce qui ne s’harmonise pas avec lui, et que nulle force ne se dérobe à son action toute-puissante, J’affirme, moi, que des lois faites au milieu du choc des armes, des cris de sang et de mort, disparaîtront forcément quand la société reprendra sa marche pacifique vers de — nouvelles destinées. J’affirme que les Russes incultes, qui nous auront débarrassés de la Civilisation, s’empareront avec empressement de nos idées, de nos traditions et de nos tendances, qu’ils les feront fructifier par leur foi vive et leurs forces neuves. Je le répète, quand deux peuples ou deux fleuves se rencontrent, ils ne remontent pas contre le courant avec lequel ils se sont accrus ; il n’y a de perdu que l’écume.


XIII.   Dès que la Russie a terminé son œuvre de conquête, les nationalités jusqu’à ce jour effacées sous son joug s’émancipent l’une après l’autre et se dessinent. La première, la plus progressive de toutes, la race Slave, se dégage du milieu des masses armées. La Hongrie, la Pologne, les Provinces Danubiennes se soulèvent au nom des droits sacrés qu’a toute réunion d’hommes de développer les caractères qui forment son partage. Au Nord, la Finlande, la Livonie, la Courlande, toutes les provinces du littoral de