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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/347

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VISION XII
Invocation des vieux Cosaques.


« Comme l’aube du jour se répand
sur les montagnes, ainsi se répandra un
peuple grand et puissant auquel il n’y en point eu
et il n’y en aura point de semblable
dans tous les temps. »
Joël le Prophète.


— Ainsi parla le Chef des nations.... —

Puis, cette multitude se mit en mouvement avec un bruit pareil à celui de la houle dans le lit des mers. Il se passa huit jours et huit nuits avant que le dernier soldat eût quitté la dernière place.

Il ne resta plus là que les vieillards effrayés du silence qui succéda à ces apprêts gigantesques.

Alors, le plus ancien d’entre les anciens découvrit sa tête blanche, éleva vers le ciel ses mains osseuses et dit ainsi :

« Le vent emporte la graine aux rivages fortunés où elle germe dans la bonne terre ; mais il abandonne la paille aux rigueurs des frimas.

» L’air du soir recueille le parfum des fleurs ; mais il laisse les calices se dessécher sur leurs tiges et tomber sous les pleurs de la rosée ;

» Les fruits dorés sont récoltés, et les raisins foulés sur le pressoir. Mais les grappes nues et les écorces vides sont passées au feu des sarments ;

» On conduit aux abattoirs les chevaux hors de service ; on livre au chiffonnier les dépouilles du chien maigre ; et