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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/383

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Brillants dans la manœuvre, les civilisés attaquent : ils tourbillonnent sur les flancs des carrés russes et prussiens qui s’ouvrent de temps à autre, vomissent la mort et se referment aussitôt. Les hommes du Midi sont rendus furieux.

Ils se rassemblent dans un effort suprême ; pleins de rage, ils se précipitent sur cette muraille vivante et la trouent. L’armée russe frissonne comme un tigre atteint d’une flèche. Mais, rendus de fatigue, déjà les Civilisés ne se battent plus que par désespoir. Les Russes n’ont pas encore pris l’offensive. — Hurrah !




— Fils de l’homme, que vois-tu encore ?

— Le soleil atteint le milieu de sa course. La sueur ruisselle sur le cou des chevaux. Les canons des fusils éclatent aux mains des fantassins. Les mèches des canons s’allument toutes seules. Les Civilisés se rassemblent autour de leurs drapeaux criblés ; ils ne peuvent plus songer qu’à la retraite. L’Empire du monde est perdu pour eux !

L’armée russe s’ébranle enfin ; elle entoure de toutes parts l’héroïque phalange. Des hurrahs formidables remplissent les airs. Les poitrails des chevaux touchent aux têtes des hommes ; on s’égorge dans le sang. Effroyable boucherie ! Non, jamais, depuis que les hommes se battent, les champs du carnage ne crièrent ainsi vers les Cieux !

La nuit vient ! La mort court par les rangs !... Enfin les canons ne voient plus dans les ténèbres, et l’œuvre de destruction a cessé. Un noyau d’hommes fuit le champ de bataille et se dirige vers Paris à marches forcées. C’est l’état-major de l’armée détruite qui veut défendre encore