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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/384

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la capitale de l’ancien monde. Les Cosaques saluent l’astre des nuits de leurs chants de triomphe ; ils entonnent l’hymne national et rendent grâces à l’Éternel des armées pour le succès du jour. Les cavales broutent l’herbe de la plaine et galopent entre les cadavres. La lune est rouge comme l’œil du tigre altéré de sang !




— Fils de l’homme, que vois-tu encore ?

— Le lendemain, à l’aube, l’armée du Nord se range en colonnes d’invasion. Elle marche à l’Est en criant : Paris ! Paris ! Elle dévaste sur son passage les plaines de Picardie et les bords plantureux de la Seine. Enfin elle arrive autour de Paris et couronne les hauteurs.

— Fils de l’homme, crie donc : Malheur sur ce riche pays ! Malheur sur la Rome moderne ! Elle s’écroulera comme Gomorrhe, et Ninive, et Londres qui furent ses sœurs aînées ; elle mourra comme le Monopole et la Débauche, son père et sa mère. — Rien n’est immortel !

Malheur sur toi, Paris, admirée pour ta grâce, méprisée pour ta vénalité comme toutes les courtisanes ! Coule des statues aux héros du meurtre de Décembre ! Renverse tes vieilles maisons, perce de grandes rues plaquées de marbre et d’or ; couvre-toi de draperies écarlates, de robes de gaze et de parures de bal. Illumine les frontons des palais, déploie sur Notre-Dame la bannière tricolore ! Que Monseigneur Sibour fasse descendre sur l’armée les bénédictions du Très-Haut. Cours aux théâtres, aux revues ; va admirer grands dignitaires et généraux, et grands sabres et beaux panaches ! Va admirer les coursiers qui foulent les fleurs, et les eaux de la Seine qui bondissent sous les gondoles de plaisir ! Tire le canon quand tes maîtres sortent, et puis quand ils rentrent, et