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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/406

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afin de resserrer encore le faisceau de leurs haines, afin d’ouvrir leurs yeux aux lumières de l’avenir.

Pologne ! nation martyre ! tu brillais trop sous le crépuscule du Nord ! L’aigle de Russie s’est abattu sur toi ; de ses serres d’acier, il t’a clouée sur cette croix vers laquelle sont montées les prières du monde !

Mais rien ne se perd. Dans le sein de la Mort tout palpite et s’anime. Il y a plus de chaleur dans les glaces de la Sibérie que dans les boudoirs et les clubs bavards des capitales !

Pologne ! nation brave entre toutes ! tu ressusciteras, tu reparaîtras sur les bords de la libre Vistule, entraînant les Slaves à la conquête de l’Europe occidentale ! Et la postérité sera nombreuse comme celle des enfants d’Israël !

Les nations civilisées sont tombées à genoux quand, de la pointe de son glaive, le bourreau traça trois lignes sur ton corps nu et les parcourut ensuite avec le tranchant. Elles ont tourné vers toi leurs regards et leurs voix pleureuses, et dans leur lâche orgueil, elles t’ont nommée leur sœur !

Elles n’étaient pas tes sœurs ! Si elles eussent été fières comme toi, elles ne fussent pas demeurées entre leurs frontières, gémissant comme des femmes prostituées, alors que tu succombais comme une vierge de Saragosse !

Elles n’étaient pas tes sœurs ! elles n’avaient pas ta force et ton cœur belliqueux, elles qui pensaient que, mus par un sentiment de justice, tes envahisseurs t’épargneraient ; elles qui croyaient arrêter le glaive de la tyrannie par leurs réclamations procédurières !

Elles n’étaient pas tes sœurs ! elles qui pleuraient et te jetaient un linceul, alors que tu t’épuisais par tes propres victoires !

Elles n’étaient pas tes sœurs ! Tes sœurs sont au Nord. Et tu leur pardonneras un jour le supplice qu’elles t’ont