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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/422

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de la rivière Charmante et du fleuve des Cygnes, dans les golfes dorés et les lacs de cristal, ils abordent. Riant est l’archipel qui les reçoit, car les étoiles du firmament se mirent dans ses îles vertes, et ses plaines se fendent sous le fardeau des fruits, des moissons et des fleurs.

— Ah ! si j’avais le courage de revivre, Australie ! je voguerais vers toi. Mais l’Iniquité de ce monde m’a brisé. Oh ! pardonne, fiancée des forts, si je préfère à toi la Mort, de vieille décharnée, sans voix et sans pudeur !

Les voilà dans les ports, les beaux navires ! Ils piaffent sur leurs ancres comme des coursiers captifs. De leurs entrailles profondes les passagers sortent en se pressant.

Je vois débarquer le prêtre et le médecin, noirs comme les baies des plantes vénéneuses ; — le trafiquant et sa pacotille, présents funestes ; — le journaliste et l’avocat verbeux ; — le Juif et le professeur ; — la fille galante et la vieille qui l’accompagne ; — le prolétaire maigre ; — le paysan qui pleure sa chaumière ; — l’ingénieur et le mécanicien, menaçants pour la Nature vierge ; — l’imprimeur et le philosophe ; — le prince et le tribun frappés de bannissement.

— Et me tournant vers l’Ange des Révolutions, je m’écriai : Grand ! trois fois Grand ! toi qui peux faire le Bien avec les instruments du Mal ! Que les hommes te louent !

Et de ses mille voix l’Océan chantait avec moi. Et de ses mille vagues il dansait, approuvant mes paroles ! !




C’est alors qu’étendant sa droite vers la quatrième partie du monde, l’Ange des Révolutions me dit : Écoute, fils de l’homme, et pèse mes paroles en ton esprit !

« À ma voix les mondes s’élèvent du fond des abîmes.