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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/71

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Ainsi les positions, les ressources, les aspirations, les craintes, les intérêts, les besoins, les mobiles et les éléments sociaux en un mot auront le temps de s’accommoder insensiblement au mouvement révolutionnaire et de se présenter, pour ainsi dire, tour à tour, au nouvel engrenage.

Or, le seul peuple étranger qui puisse envahir et révolutionner, c’est la Russie.


X.   Dans l’homme, comme dans la société, le cœur est aussi l’organe qui meurt après tous les autres. Et avant de mourir, le cœur envoie du sang dans toutes les directions, par bonds désespérés, comme un état-major qui protège sa retraite toutes balles au vent.

Ainsi du cœur de la civilisation occidentale, de sa moitié gauche et de sa moitié droite, de Londres et de Paris : leur agonie marquera la dernière heure de l’Occident. L’entendez-vous déjà sonner ? Déjà les deux Babylones se débattent contre l’étreinte suprême ; déjà convulsées par un commerce concurrence homicides, par une course haletante à la propriété, aux places, à la vie et au pain de chaque jour, elles centuplent les battements de leurs artères immenses sans parvenir à galvaniser le cadavre vert de l’Occident. « Tant que le malade a de la gangrène, il engendre la vermine », dit P.-J. Proudhon. — La vie ne se tire pas de la pourriture non plus que de la décrépitude : elle ne renaît de la mort qu’après un temps forcé d’incubation cadavérique. Nous lisons dans la Genèse que c’est pendant le sommeil d’Adam qu’une de ses côtes lui fut habilement tirée, et qu’ainsi fut créé le premier couple humain. Nous pouvons lire dans le livre de la nature que la vie et la mort forment un couple aussi, et que l’une ne se forme que pendant l’assoupissement de l’autre.

Tout se répare pendant le sommeil. Heureux ceux qui dorment ! Heureux les morts ! !