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Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/78

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inutiles comme des flèches qui s’émoussent sur la carapace d’une tortue. Nous allons au combat comme des bœufs à l’abattoir ; nous croyons jouer à la petite guerre. — Eux s’avancent comme des Barbares, sérieusement ; ils s’avancent sur l’Europe par la seule voie, la voie continentale ; — ce n’était pas par mer que le premier Bonaparte attaquait la Russie.

Nous discutons pour savoir s’il y a lieu à nous défendre quand nos flancs sont ensanglantés déjà. Eux cherchent le motif le plus frivole pour prendre l’offensive.

Nous sommes au Midi ; ils sont au Nord. Et l’on n’envahit pas le Nord ! Et l’on ne s’y maintient pas ! Et quand on s’y aventure, on est rôti comme Napoléon à Moscou ! ! — Tandis que les races du Nord descendent sur le Midi pour le renouveler.

Ils sont dans l’âge où le sang circule, ou les tempes battent, où les nations et les hommes ont des rêves de gloire et de liberté. — Tandis que nous sommes des vieillards qui laissent tomber l’épée de nos mains défaillantes et ne nous défendons plus guère qu’avec des paroles.

Nous avons rendu nos intelligences délirantes, nos âmes extatiques et nos santés précaires ; nous avons regardé la force comme un bien superflu. Je le dis nettement : il faut que les Cosaques nous apprennent à vivre.

Nous sommes vieux et voulons remonter le cours des âges : nous serons terrassés. Tandis que les Russes descendent ce cours avec l’aide de la nature. — Car la nature triomphe toujours, et la guerre n’est pas aussi aveugle et aussi folle que les académiciens le disent.

Nous sommes les races femelles pleines de grâce, de délicatesse et de sensualité voluptueuse. Ils sont les races mâles qui poursuivent les races femelles, les violent et les rendent fécondes.