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Page:Espronceda - L’Étudiant de Salamanque, trad. Foulché-Delbosc, 1893.djvu/10

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Il ne vit pas dans ses rêves le spectre
de celui qu’il tua en duel ;
le pressentiment d’un malheur
ne troubla jamais son audace.
Toujours dans ses aventures et dans ses amours,
toujours dans ses orgies bachiques,
il mêle, en ses discours impies,
un bon mot à un blasphème.

Fameux dans Salamanque
par sa vie et sa bonne humeur,
on remarque entre mille
le hardi étudiant ;
son audace lui donne des privilèges,
ce qui l’excuse c’est sa richesse,
sa noblesse généreuse,
sa mâle beauté.

Car personne ne peut égaler
son arrogance et ses vices,
son maintien chevaleresque,
son agilité et sa bravoure :
jusque dans ses crimes,
dans son impiété et son arrogance,
don Félix de Montemar
met un sceau de grandeur.


Belle et plus pure que l’azur du ciel, avec des yeux langoureux et charmants où l’amour brilla sous le voile de la pudeur qui les recouvre discrètement ; timide étoile qui répand sur la terre des rayons de lumière brillants et incertains, ange pur d’amour qui inspire l’amour, telle fut l’innocente et malheureuse Elvire.