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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/382

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hommes. Ainsi les combats ont envahi la terre de Priamos, quand des paroles seules pouvaient apaiser la querelle soulevée à cause de toi, ô Hélénè ! Et maintenant les Troiens ont été envoyés dans le Hadès ; et, comme l’éclair de Zeus, la flamme a consumé leurs murailles, et désastres sur désastres ont accablé les Troiens !




THÉOKLYMÈNOS.

Salut, ô tombeau de mon père ! En effet, afin de te saluer, je t’ai enseveli, Prôteus, au seuil de la demeure ; et, toujours, en entrant et en sortant, ô Père, ton fils Théoklymènos te parle ! — Vous, serviteurs, rentrez les chiens et les rets dans la maison royale. Pour moi, je me blâme souvent moi-même, car je ne mets pas les mauvais à mort. J’apprends à l’instant qu’un Hellène est venu ouvertement sur cette terre, et qu’il a échappé aux sentinelles. C’est un espion, ou il tente d’enlever secrètement Hélénè ; mais il mourra, si on le prend. Quoi ! il me semble qu’il a déjà accompli son dessein, car la Tyndaride n’est plus auprès de ce tombeau et s’est enfuie de cette terre sur une nef. Hohé ! Ouvrez les barrières et l’enclos des chevaux, et amenez les chars, serviteurs ! Que je ne laisse pas au moins enlever de cette terre la femme que je veux épouser ! — Restez ! Je vois dans les demeures celle que nous poursuivons. Elle n’a point fui. — Pourquoi as-tu changé tes péplos blancs en péplos noirs ? Pourquoi le fer a-t-il coupé les cheveux de ta noble tête ? Pourquoi arroses-tu tes joues de tes larmes ? Gémis-tu à cause de songes nocturnes, ou quelque rumeur venue de ta patrie remplit-elle ton cœur de chagrin ?