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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/204

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Elle essaya de rire, mais elle ne put et murmura :

— À l’heure où nous sommes, est-ce encore moi ?

Ce troisième papier était aussi un acte de naissance, celui de Clotilde-Marie-Élisabeth Morand Stuart Fitz-Roy de Clare, fille de Étienne-Nicolas Morand Stuart Fitz-Roy et de Marie-Clotilde Gordon de Wanghan, née à Paris, le 20 juin 1837…

— Je dois avoir au moins un an de plus que cela, et peut-être deux, pensa encore Clotilde. Ce n’est pas moi… ce ne peut pas être moi !

À l’acte même un petit carré de papier à lettres était attaché avec une épingle : Clotilde eut de la peine à en déchiffrer l’écriture qui tremblait. Il disait :

« Ma fillette bien-aimée, nous avons été bien pauvres ensemble. J’ai eu faim souvent pour te garder le dernier morceau de pain : te souviens-tu de moi, ton pauvre vieux père ?

« As-tu assez pleuré, pauvre chérie ! Je te frappais, moi qui t’aimais tant ! Tu vois bien maintenant que j’avais raison. Je sentais que j’allais m’en aller et te laisser toute seule. Je voulais te marquer en dedans d’un signe qui fût en toi mais non pas sur toi, car tu étais entourée d’ennemis… Si tu lis ja-