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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/206

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çait à entendre au loin les bruits confus de la grand’ville qui, bien avant le jour, se frotte les yeux en murmurant.

Clotilde avait l’air décidé, maintenant.

— Quoi qu’il arrive, dit-elle, ceci est un dépôt et je le garderai. Mon pauvre Clément n’y est pas plus intéressé que moi, puisqu’il est prince seulement par la grâce de cette femme qui le jette en proie à tous les dangers… sa mère, comme il l’appelle ! Et il l’aime mieux que moi… Et quelque chose me dit qu’une autre est encore mieux aimée… Ah ! je ne vivrai pas vieille !

Elle voulut opposer son vaillant sourire à ses larmes, mais les larmes noyèrent le sourire.

— Moi, reprit-elle, je suis l’amie d’enfance, celle qu’on craint de blesser. Il me trouve jolie avec cela, et il est bon… Mais, après tout, personne ne m’a dit que j’eusse une rivale, pourquoi en suis-je sûre ? Et pourquoi y a-t-il en moi cette certitude d’être vaincue !… J’entends encore la voix de cette petite : « On m’appelait Tilde autrefois… »

Elle essuya ses yeux, son regard fit le tour de la chambre pendant qu’elle serrait les trois actes dans son sein.