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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/226

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Évidemment, ce n’était plus de Clotilde qu’il parlait.

Il reprit tout pensif :

— Comme elle a grandi ! C’est une jeune fille aussi ! Et j’avais beau faire ! Le regard de ses grands yeux sauvages et doux m’éblouissait, pendant que Clotilde me parlait d’amour. Clotilde ! ma bonne, ma vaillante Clotilde ! Je veux l’aimer ! Sur ma foi, je le veux !

Ah ! certes, il disait vrai ; mais sa main retourna à la table de nuit et prit le bouquet de violettes.

— Et tout cela, gronda-t-il avec colère, parce que je lui ai envoyé un baiser, à cette petite, un soir qu’elle dansait sur la corde. Avait-elle quinze ans ? J’eus tort, on n’envoie pas de baisers… Elle me le rendit, ah ! devant tout le monde ! Quelle honte, mais comme j’étais heureux !

Il respira les fleurs et ferma les yeux comme pour mieux en savourer le parfum.

— Pour un peu, moi, d’abord, reprit-il, je serais sentimental comme un demi-cent de troubadours… Mais ce baiser ne lui donne pas de droits sur moi, que diable !… Et depuis ce soir-là, pendant des mois, pendant plus d’une année, elle m’a suivi ! C’était