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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/228

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alcôve laissait retomber ses rideaux qui cachaient le lit.

On n’a pas besoin de savoir pour dire : il y a ici un malade ; la souffrance a ses effluves comme le plaisir épand son parfum.

Mme la duchesse de Clare, pâle, triste, mais toujours belle, malgré la fatigue d’une nuit sans sommeil, était assise au coin de la haute cheminée, où couvait un feu doux. Auprès d’elle, sur un guéridon, restaient la lampe éteinte et le livre des prières qui avaient servi à sa veillée.

Georges s’approcha d’elle vivement et voulut lui baiser la main, mais elle lui jeta ses deux bras autour du cou et l’embrassa à deux ou trois reprises, penché qu’il était au-dessus d’elle, au front d’abord, puis avec une sorte d’emportement douloureux à la place où le bras droit aurait dû continuer l’épaule.

— Tout ce que tu as souffert en ta vie, dit-elle, vient de moi !

— Est-ce qu’Albert est plus mal, ma mère ? demanda Georges.

— Non, répliqua-t-elle, Albert ne peut pas être plus mal sans mourir. Tu l’as vu hier au soir ?

— Je l’ai vu.