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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/230

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il était joyeux et fort, et fou, l’année dernière à époque pareille ? Il me semble entendre encore le rire éclatant qui annonçait de loin sa présence…

Deux larmes roulaient sur sa joue. Elle s’interrompit dans un sanglot, et Georges murmura :

— Vous avez dit, empoisonné…

— Je suis une extravagante ! le docteur dit que je perds la tête. Si l’un de vous devait être en butte aux tentatives des assassins…

Elle s’arrêta, et Georges acheva dans l’élan de son cœur.

— Grâce à Dieu, ce serait moi !

La main froide d’Angèle s’appuya contre son front.

— Tu m’entends, dit-elle, avec une sorte d’impatience, je ne veux pas que nous parlions de lui aujourd’hui. Lui ! toujours lui ! jamais rien que lui ! il y a des moments où je le prendrais en haine…

Elle frappait du pied, parce que Georges souriait en la regardant.

— Tu ne me crois pas ! s’écria-t-elle. Eh bien ! c’est pourtant la vérité vraie. Que de fois je me suis vue sur le point de le haïr !

Elle arrêta d’un geste dur la protestation qui pen-