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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/231

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dait aux lèvres de Georges, et reprit avec une volubilité soudaine :

— Il me résistait ! Tout enfant, il était mon maître. Dans cette maison y a-t-il jamais eu autre chose que sa volonté ?

— Il avait droit… glissa Georges, qui voulait de bonne foi calmer ce grand courroux.

— Droit ! répéta Mme de Clare avec une expression si étrange que Georges resta bouche béante à la regarder.

Elle baissa les yeux et poursuivit pendant qu’une rougeur fugitive passait sur ses joues :

— Tandis que toi, tu m’obéissais, Georges, mon fils, mon cher fils, toujours, quoi qu’il pût en coûter à tes caprices d’enfant ! Tu devançais mes ordres, tu cherchais à deviner mes désirs, tu m’aimais…

— Oh ! lui aussi, ma mère !

— Je ne sais ! les tyrans n’aiment personne. Je te dis que je ne veux pas parler de lui ! Jamais il ne m’a quittée ; toi, tu as été éloigné, exilé…

— C’était dans mon intérêt…

— C’était… oui, tu dis vrai, j’avais peur pour toi…

Elle s’arrêta encore une fois. Il y avait un trouble poignant au fond de sa conscience.