Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/242

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mandez, madame ? Au point où en sont les choses, pensez-vous qu’il soit honorable — et même possible de se conduire ainsi ? Je dois beaucoup à Clotilde : sans elle, je dormirais là-bas dans le petit cimetière de Bretagne. Elle m’aime…

— Et toi ? prononça tout bas Angèle, dont les sourcils étaient froncés violemment, l’aimes-tu ?

— Je viens de vous le dire, ma mère, mais vous ne m’avez pas écouté.

Elle voulut se lever, elle retomba brisée.

Il y avait sur son visage un profond désespoir.

— Ah ! fit-elle, tu l’aimes ! nous sommes donc condamnés !

Puis, en un cri déchirant :

— C’est toi qui l’auras tué, toi, toi ! Tu lui as pris son pauvre bonheur ! Tout pour toi, rien pour lui ! Qu’a-t-il fait à Dieu pour être ainsi misérable ! Ah ! il n’avait plus rien, rien qu’un peu de sang au fond de ses veines : te voilà revenu, il te la faut cette goutte de sang… il te la faut ! Ne dis pas non ! Tu l’as vu pourtant… Et tu le sais bien, ne va pas mentir ! Tu sais bien qu’il meurt d’amour pour elle !

Georges n’eut que le temps de se précipiter pour