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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/266

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Ils restèrent tous les deux immobiles et muets.

Et Georges dit, après un long silence, avec des larmes dans la voix.

— Je venais chercher Clotilde, ma fiancée.

Ne souriez pas ! Ce mot était grand comme celui du chevalier d’Assas. Et encore, autour de la poitrine du chevalier d’Assas, il n’y avait que des pointes de baïonnettes !

Lirette répondit de sa voix qui pénétrait le cœur comme une harmonie :

— C’est moi qui suis Clotilde, la Clotilde de Clément. Vous m’avez donné de votre pain au bord de la fosse où dormait mon père. Nous sommes fiancés depuis ce jour-là.

Et ils pleurèrent tous deux.

Les scènes d’amour ne sont pas ainsi, je le sais bien. Je dis ce qui était. Il y avait là-dedans plus d’amour ardent, naïf, exquis, plus de flamme et plus de frissons que dans toutes les scènes du monde.

Ah ! ce n’était pas une scène. Les scènes ne sont que de pâles traductions.

Mais Georges luttait, parce qu’il ne voulait pas être heureux.