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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/317

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L’un d’eux, qui était presque un enfant, mit pourtant de la gloriole à vaincre cette répugnance instinctive et se rapprocha.

— On va donc rire cette nuit, Clément ? demanda-t-il, faisant allusion au sinistre métier du malheureux ; j’ai idée qu’ils t’attendent… Ne fais pas le fier : c’est moi, Saladin, le petit de Similor.

Il se rengorgea en prononçant ce nom illustre.

Le Manchot l’écarta et passa sans répondre.

— C’est bon ! fit Saladin en regagnant son arbre ; paraît que ce qu’on dit est vrai. L’Amour t’a arrangé, et tu n’es pas de bonne humeur. Si tu ne veux pas attraper une autre danse, ne te promène pas dans le jardin !

Parvenu au bout de l’avenue, le Manchot, au lieu de s’introduire dans la maison, tourna sur la gauche pour gagner le passage qui menait au jardin. Il se glissa derrière les massifs et guetta, collé au tronc d’un tilleul.

Rien ne bougeait autour de lui, mais bientôt le vent du soir apporta jusqu’à lui une odeur de pipe.

Il gonfla ses narines et flaira cette odeur, comme