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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/198

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CHAPITRE VII.

L’ÉCHELLE HUMAINE.

D’Obernburg au château de Bluthaupt, la route d’ordinaire déserte et silencieuse, présentait ce soir-là un aspect de vie.

On y voyait bon nombre de voitures, depuis la calèche parisienne jusqu’au véhicule antique et sans nom du pauvre hobereau allemand. Quelques dignes bourgeois d’Obernburg, solennellement montés sur des chevaux de labour, tenaient en croupe leurs compagnes.

Ces couples gras et lourds, se dandinant à l’amble, ne donnaient aucune idée de la ballade de Burger.

Çà et là des groupes de paysans se hâtaient.

Et tout le monde suivait la même direction : voitures, chevaux et piétons, se rendaient au vieux schloss de Bluthaupt.

Depuis quinze jours environ, le pays était en fièvre. La modeste cité d’Obernburg, où naguère encore le passage d’un voyageur faisait presque événement, regorgeait maintenant d’étrangers et ne pouvait suffire à ses hôtes. Il en était de même de tous les bourgs ou petites villes avoisinant le manoir des anciens comtes.

Comme nous l’avons dit, la grande fête de Geldberg avait deux sortes d’invités : ceux de première classe étaient logés au château ; les autres cherchaient asile où ils pouvaient, et c’était vraiment pour le pays une