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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/382

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la seconde en regardant la vicomtesse. Puis il se tourna vers les associés, qui évitaient de rencontrer ses yeux. Son visage respirait toujours la même tranquillité sereine.

— Eh ! bien, dit-il, messieurs, êtes-vous contents de moi ?

Reinhold balbutia une réponse inintelligible.

— Je n’ai point voulu laisser finir ces belles fêtes, reprit le baron de Rodach, sans me montrer au milieu de vous, mes amis et mes associés… la crise commerciale est terminée… ma présence n’était plus nécessaire à Paris… je suis venu me réjouir avec vous.

— Et bien vous avez fait, monsieur le baron, répondit madame de Laurens, qui réussit la première à reprendre sa présence d’esprit.

— Nous sommes heureux… commença Van-Praët.

— Enchantés… dit lugubrement le docteur.

— Ravis !… fit Reinhold, avec une grimace qui aurait bien voulu être un sourire.

— Mais, reprit madame de Laurens, j’espère que vous ne nous avez pas fait l’injure de descendre ailleurs qu’au château. Vous êtes ici chez vous, monsieur le baron, et je vais vous faire préparer un appartement.

Pour la première fois, l’accent de Rodach prit une nuance d’ironie.

— Mille grâces, madame, répondit-il ; je suis touché comme je le dois de votre offre aimable ; mais je ne puis l’accepter…

Il se tourna vers Reinhold et Mira.

— Vous savez ce que je vous ai dit, lors de notre première entrevue, ajouta-t-il ; vous me demandâtes, ce jour-là, mon adresse, et je vous répondis : « J’aime le mystère par goût… c’est une manie… » Je n’ai pas changé depuis lors, madame et mes chers associés,… permettez-moi de ne point vous dire ma retraite.

L’orchestre jeta un doux prélude de valse. Rodach prit la main de madame de Laurens.

— Voulez-vous bien m’accepter pour votre cavalier ? dit-il avec son beau sourire.

Sara, pâle et tremblante se mit entre ses bras. Le souille lui manquait Reinhold, Mira et Van-Praët les regardèrent s’éloigner, mêlés au tourbillon de la valse. Franz restait immobile et les yeux grands ouverts, à