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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/137

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Edmée se pencha sur son balcon. Derrière elle, aucune lueur ne trahissait plus sa présence. Voici ce qu’elle vit :

La cour avait trois portes pour trois escaliers, dont un de service. Elle était éclairée par une lanterne suspendue à la porte de l’escalier de service. Michel, qui avait descendu les étages quatre à quatre, se montra le premier ; presque au même instant, la femme voilée déboucha, sortant de la voûte et courant comme une personne poursuivie. Elle portait un objet sous son châle. Michel la rencontra au tournant de la voûte ; elle recula d’un pas, puis elle mit un doigt sur sa bouche. Elle ouvrit son châle d’un geste fiévreux. L’objet qu’elle portait était une cassette d’un précieux travail. Sans parler, sans hésiter davantage, elle jeta la cassette entre les mains de Michel et s’enfuit par l’escalier de service.

Comme Michel restait, abasourdi, un homme, sortant aussi de la voûte se précipita vers lui et, sans mot dire, également, voulut lui arracher la cassette. D’instinct, Michel résista. Dans la lutte, le chapeau de l’inconnu tomba et découvrit le front demi-chauve du baron Schwartz.

« C’est à moi ! dit-il alors d’une voix haletante, cette femme m’a volé ! »

Puis, reconnaissant Michel tout à coup et le prenant à la gorge des deux mains, il ajouta, râlant de colère :

« J’en étais sûr ! tu es un misérable et je vais te tuer !

— Cet homme est fou ! dit une voix douce et calme derrière le groupe qu’ils formaient. Ne lâchez pas le dépôt que je vous ai confié, monsieur Michel ! »

Ils tressaillirent et se retournèrent d’un commun mouvement. Une femme, vêtue de noir et voilée comme Mme la baronne Schwartz était debout derrière eux.