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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/138

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Michel eut peur et sa main se tendit pour barrer le passage au banquier.

« Prenez garde ! murmura-t-il. C’est moi qui vous tuerais ! »

La femme en noir souleva son voile, montrant la belle pâleur de son visage.

« La comtesse Corona ! balbutia M. Schwartz stupéfait. J’avais cru… »

Il n’acheva pas et passa la main sur son front.

Aucune parole ne vint aux lèvres béantes de Michel.

Il pensait seulement : « Celle-là est-elle sortie de terre ! »

M. Schwartz ramassa son chapeau et s’inclina profondément en balbutiant une excuse, puis il s’éloigna, prenant, lui aussi, l’escalier de service qui menait chez M. Lecoq.

La comtesse le regarda s’éloigner et pensa tout haut :

« Il parlera. Mais une calomnie de plus ou de moins qu’importe ?

— Madame, dit Michel, je ne m’attendais pas à vous rendre grâces… »

Il fit un pas vers l’escalier de service.

La comtesse l’arrêta.

« Soyez tranquille, prononça-t-elle avec une froide amertume, à l’endroit où ils vont tous deux ils ne se rencontreront pas. »

Elle rabattit son voile et ajouta plus bas :

« Monsieur Michel, vous aimez vos ennemis et vous détestez vos amis ! »

Elle partit sur ces mots, demandant le cordon à voix haute et impérieuse.

Michel resta seul au milieu de la cour. Le bruit que fit la fenêtre d’Edmée en se refermant lui donna un sursaut. Son regard se porta vers l’escalier de service,